La plupart des gens dirait qu'il est impossible de s'ennuyer au cœur de New York City, la ville la plus peuplé des Etats Unis. La plupart des gens ignoraient aussi qu'ils côtoyaient un autre "monde" fantastique, qui rendait le quotidien de cette ville en mouvement continu, encore plus fascinant. Que certaines causes de décès sans raison valable, étaient en fait à cause de ces êtres auxquels on voulait croire, lorsqu'on les montrait sous leur meilleur jour. Mais ceux qu'on ne voulait pas croiser la nuit, dans les rues froides et sombres. Ils semblaient que ces derniers temps beaucoup d'adolescents considéraient ça comme un phénomène commercial, comme si c'était intéressant. Comme si c'était merveilleux d'être un vampire - pensée qui arracha un frisson dégoûté à James. Encore un loup-garou, il y avait pleins d'avantages, tout en gardant un cœur qui battait, un sang qui coulait, brûlant dans ses veines, incendiait sa peau pour la recouvrir d'une toison d'un noir d'encre.

Adossé à la vitrine d'un grand magasin, James regardait les gens passer d'un regard absent, des écouteurs dans les oreilles. Il faisait parti des êtres dit fantastiques depuis il lui semblait si longtemps déjà. Cinq ans en fait. Il s'en était passé des choses pendant tout ce temps. L'avantage c'est qu'aujourd'hui, alors que toutes ses odeurs, plus ou moins appétissantes venaient à lui, cela ne lui faisait rien. Du moins, il n'avait aucun mal à s'empêcher de sauter au coup de quelqu'un soudain. D'ailleurs en songeant à tout cela, il n'avait pas croisé énormément de ses confrères. Il n'avait jamais vraiment eu un esprit d'équipe, le besoin d'être avec d'autres demi-loups, mais il y avait étonnamment plus de sangsues. Plutôt irritants. Comme les microbes, ça se multiplue à une vitesse dingue.

La gente féminine lui lançait parfois des regards alanguis, charmeurs, et il se contentait de leur renvoyer un regard enjôleur mais distant. Il n'était pas d'humeur à accoster n'importe qui pour n'importe quoi aujourd'hui. Sans raison valable il était ennuyé. Quittant la devanture de magasin où il s'était posé, il repartit de sa démarche silencieuse qui semblait éviter habilement tout corps étrangers tout en ne déviant pas de son droit chemin. Il traversa l'upper west side et arriva au Central Park. Pas que c'était un grand fan de grandes étendues vertes, ce serait cliché, mais il avait envie de se caler ailleurs qu'au milieu d'une rue. Là où on ne se demanderait pas : Attend-t-il quelqu'un ? Cherche-t-il une proie à suivre jusqu'à la nuit ? N'importe. Après un court moment de marche, il s'approcha d'un des petits lacs artificiels, et s'assit au pied d'un des arbres qui l'entouraient. Dans ses oreilles, audible à plusieurs mètres à la ronde, ses écouteurs déversaient des musiques qu'il connaissait par cœur et auquel il ne prêtait pas vraiment attention. Mettre le volume au plus fort, sachant que ça n'abimerait nullement son sens auditif surdéveloppé, était un des meilleurs moyens lui permettant de se vider l'esprit. C'est qu'il s'énervait toujours vite et pour rien. Et oui même après cinq ans, mais il semble que James ait toujours eu le sang chaud. Fermant les yeux, l'arrière de sa tête se reposa contre l'écorce de l'arbre et il ferma les yeux.

Hailey avait maintenant fait le tour de la ville, ou presque. Elle aimait la modernité et l'originalité de cette ville si différente des autres. Elle avançait lentement, prenant son temps et en regardant les gens défiler. Certaines personnes devaient la prendre pour une dingue, du genre '' Non mais pourquoi elle me regarde celle-la ? ''. Mais Hailey s'en fichait. Elle voulait faire les choses comme elle le sentait, continuer sa route, regarder devant quoi qu'il arrive.

Elle avait l'impression parfois que personne ne la comprenait. C'était un drôle de sentiment, peut-être celui de la solitude. Elle ne manquait pas d'amis, loin de là, mais parfois elle aurait aimé être mieux comprise. Elle pouvait contrôler les émotions des gens, malheureusement, elle ne pouvait pas contrôler beaucoup plus. Comment faire quand on vous voit d'une façon différente de celle dont vous êtes vraiment ? Loups-garous, Médiateurs et même Vampires ne lisaient pas toujours en elle.

Elle finit par arriver à l'entrée de Central Park. Un immense portail présentait la multitudes d'espèces végétales présentes ici. On pouvait aussi entendre le chant des oiseaux, le rire des gens... C'était un bel endroit. Hailey décida d'entrer. Elle se plaisait ici, c'était si calme, si... personnel. Elle regarda autour d'elle, la verdure s'étendait sur des kilomètres. Arrivée près des lacs artificiels, elle s'arrêta. Une odeur l'avait stoppée. Une odeur reconnaissable. Celle d'un loup-garou.
N'empêche, elle avait une idée de qui cela pouvait être, et elle décida de s'approcher de plus en plus de la personne.
En arriva près des arbres, elle découvrit qu'elle ne s'était pas trompée. Son intuition avait été la bonne. James était là, plongé dans sa musique. Il fermait les yeux.
Hailey ne put s'empêcher de sourire. Elle s'agenouilla en face de James en souriant. Elle le fixait.

The bird and the worm, cette chanson aurait pu le faire penser à lui, à sa situation. Avec ses ennemis partout où il allait, tout ce qu'il ne pouvait pas dire, qu'il gardait pour lui, et qui l'enfermait en lui-même. Mais jamais James ne se serait identifié à cette chanson, c'était stupide, il était maître de lui-même, il savait très bien ce qu'il faisait. Et qu'est-ce que ça lui apporterait de raconter sa vie, ses problèmes à quelqu'un ? Quant à ses "ennemis", en étaient-ce vraiment ? Ils n'avaient rien de dangereux ces derniers temps. Les vampires aboient mais ne mordent pas.

Alors donc que la musique continuait à rendre sourd le monde réel, une odeur vint à lui. Repérable d'assez loin, cette odeur lui piquait la gorge, comme les parfums entêtants des vieilles dames, qui vous envahissez et vous prenez la tête. Une odeur qu'on ne recherche pas, mais qu'il n'évitait pas pour autant. Et puis ce n'est pas dans cette ville qu'il pourrait échapper à la présence envahissante des sangsues. En passant outre cette odeur brûlante de vampire, il n'eut pas à trop se concentrer pour identifier Hailey. Toutefois il n’ouvrit pas les yeux. Après un court instant, il sentit le poids de son regard sur lui, ce pressentiment qui force toutes personnes à ouvrir les yeux, ou se retourner. Il poussa un soupir.


« T’arriveras jamais à être discrète avec cette odeur. »


Rouvrant les paupières, il lui rendit son regard fixe. Hailey souriait. C’était étrange comme elle pouvait être belle tout en lui paraissant normal. Peut-être parce qu‘il connaissait sa nature, qu‘il en avait trop vu, qu‘il était censé être leur ennemi; qu‘il était un loup-garou quoi. Il était facile de comprendre les humains qui se prenaient dans leur filet. Enfin ce n’était sûrement pas le moment de penser à ça. L’humeur de James était paisible ce jour-là, Hailey n’aurait sûrement pas besoin de se battre avec ses sautes d’humeurs. James esquissa l’ombre d’un sourire, ce qui chez lui ressemblait à une moue déguisé et un brin sarcastique.


« Qu’est-ce que tu fais ici, tu prends l’air, tu t’oxygène un peu ? »


Question qui n’était pas sans une certaine ironie bien sûr. Tout en disant ça, il avait retiré ses écouteurs et les enroulait rapidement avant de ranger le tout dans la poche de son jean.

James finit par ouvrir les yeux. Hailey ne détachait pas son sourire, elle aimait le taquiner.
" Ne croit pas non plus que ton odeur est discrète, cher toutou ! "
James avait sûrement l'habitude des blagues débiles d'Hailey, mais c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait pas s'empêcher de parler. Elle s'asseya en tailleur en face de lui.
" Tu sais, je trouve que cet endroit est parfait pour se reposer, et prendre l'air comme tu dis. Il es parfait aussi pour rencontrer... du monde. Tu ne crois pas ? "
Hailey avait toujours trouvé que James avait du charme, mais un charme particulier, unique et qui était certainement lié à sa ' race ' de Loups-Garous.
Il ne fallait tout de même pas oublier qu'ils étaient de deux clans ennemis, mais Hailey ressentait de la sympathie pour James. Elle le trouvait différents de certains garçons qui ne pensaient qu'à ça. En plus, elle pouvait souvent le faire enrager avec ses contrôles d'émotions, donc en prime, elle s'amusait avec lui.

James avait rangé ses écouteurs. Ce qui voulait dire qu'il écoutait. Bon point ! Hailey le regarda, essayant de deviner ce qu'il pensait. Malheureusement, elle ne s'appelait pas Dawn, et lire dans les pensées n'était pas son pouvoir. Elle arracha une petite touffe d'herbe et la jeta un peu plus loin. Elle leva son regard vers James, pour lui poser une petite question. Elle avait prit une mine sérieuse, mais pas trop non plus.
" Dis-moi James, est-ce que ta troupe et toi vous êtes partis en ' mission ' il y a quelques jours ? " .